Le soulèvement populaire contraint Jovenel Moïse à prendre la route du procès

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18 octobre 2018

Le président de la République, Jovenel Moïse.

Hostile au dossier petrocaribe dans un premier temps, le président Jovenel Moïse, sous la pression de la masse populaire, est obligé de prendre la route du procès. De persécution politique à revendication juste, le discours du président de la République a changé dans moins d’une année. Le reste de son mandat étant en jeu, le chef de l’État semble enfin vouloir se désolidariser de ses proches impliqués dans la mauvaise gestion des fonds petrocaribe.

« Moi, en tant que chef d’État de la République, je déclare que le procès va avoir lieu », a indiqué, sur un ton ferme, le chef de l’État haïtien, en marge de sa participation à la commémoration des 212 ans de l’assassinat du père fondateur de la nation, Jean Jacques Dessalines. « Toutes les personnes ayant participé à la mauvaise gestion de ces fonds, vont devoir rendre compte par-devant la justice », confie le président de la République, en donnant la garantie que ce procès sera différent de celui de la consolidation.

Le président de la République indique avoir déjà passé des instructions au Premier ministre afin de donner des accompagnements nécessaires aux institutions judiciaires pour que lumière soit faite sur ce dossier. Aujourd’hui on assiste à un revirement du président de la République qui, autrefois, minimisait le dossier, et l’attribuait à de la persécution politique. Selon des observateurs, le chef de l’État avait prouvé qu’il n’a aucune intention de faire le suivi du dossier depuis son accession au pouvoir, en choisissant de nommer Wilson Laleau, l’une des personnes indexées dans le rapport sénatorial sur la dilapidation des fonds Pétrocaribe, comme chef de cabinet.

De simples citoyens, parlementaires, ainsi que d’autres personnalités de la société civile sont méfiants par rapport aux déclarations du président de la République qui, pris de panique, veut prouver à la population sa bonne foi dans le cadre de ce dossier. Des parlementaires et même son ancien Premier ministre l’ont déjà conseillé de se débarrasser de certaines personnes au palais national afin de sauver sa peau. La majorité de personnes impliquées dans le dossier sont de la famille politique de Jovenel Moïse. Et ce sont ces mêmes personnalités qui l’ont porté au pouvoir. Par conséquent, c’est un choix qui s’impose au président de la République. Désolidariser de sa famille ou plonger dans la géhenne avec eux.

En plus de son positionnement sur le dossier Petrocaribe, la journée du 17 octobre a été aussi l’occasion pour le président de la République d’honorer la mémoire du père fondateur de la nation, Jean Jacques Dessalines. Après le dépôt d’une gerbe de fleurs au pied du monument de Jean Jacques Dessalines au pont rouge, la délégation présidentielle s’était rendue à Dessalines pour participer à la traditionnelle cérémonie organisée tous les ans en la mémoire de l’empereur. À l’occasion, le chef de l’État a prêché un message d’union. Il invite la population à appuyer ses efforts pour mettre le pays sur les rails du développement, dans la construction des infrastructures et l’installation des réseaux électriques dans le pays. C’était également l’occasion pour le chef de l’État de vanter ses réalisations au niveau de la commune de Dessalines, notamment la construction du réseau électrique, et ainsi renouveler sa détermination de construire des infrastructures et électrifier le pays 24 h sur 24.

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