Brésil et Haïti – Bolsonaro et nous autres: Bâtissons notre destin démocratique!

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31 octobre 2018 Rezo Nodwes
par Gumais Jean Jacques

Les conséquences d’une politique xénophobe de refoulement et d’exclusion sociale à l’égard de nos compatriotes pourraient venir compliquer davantage ce lourd fardeau du processus de rapatriement et de réinsertion économique de nos frères arrivant du Chili

Mercredi 31 octobre 2018 ((rezonodwes.com))– Les compliments du Président de la République, Jovenel Moise, adressés à l’égard du nouveau Président élu de l’Etat Fédéral Brésilien, l’ancien député, Jair Bolsonaro ne sauraient être une dérogation politique encore moins une faute diplomatique. Tout au contraire, ces mots de félicitations s’approprient le caractère très diplomatique et élégant de la part de notre Chef d’Etat si toutefois sa démarche s’inscrit dans une perspective stratégique de renforcer les rapports bilatéraux entre les deux nations et surtout de pallier ou ralentir toute éventuelle politique migratoire raciste du nouveau Président.

Loin d’être ce continuel leader au sens têtu et irresponsable, Jovenel Moise doit inéluctablement réviser sa politique économique, s’il en avait une, en vue de faire taire les grognes populaires craignant une crise humanitaire et sociale encore plus aiguë que pourrait causer tout éventuel renversement des rapports Haitiano-Brésiliens.

En effet, dénommé le Trump brésilien par les médias libéraux depuis l’annonce de son intention de briguer la magistrature suprême au pays du roi Pélé, cet ancien député brésilien ne cesse de défrayer la chronique par ses sorties tantôt jugées extrémistes au goût fasciste et raciste; Tantôt qualifiées opportunistes à dessein électoraliste.

Connu pour son discours provocateur et très antipathique à l’égard des homosexuels et des néolibéraux de la gauche brésilienne, il a pu rallier une majorité d’électeurs, soit 55%, faisant de lui aujourd’hui, le Président élu de l’Etat Fédéral Brésilien. Déjà, Bolsonaro annonce la couleur en voulant marcher sur les pas diplomatiques de Donald Trump pour son engagement de transférer l’Ambassade du Brésil de Tel Aviv à Jérusalem. Une décision saluée par les conservateurs évangéliques américains et Brésiliens sans toutefois se prononcer sur la montée de l’anti-sémitisme et le refoulement migratoire.

En réalité, pour certains détracteurs et analystes, l’incertitude et l’inquiétude que présentent l’élection de Bolsonaro annoncent un reversement de la démocratie brésilienne et un retour du système militariste dictatorial de l’extrême droit. Une telle tournure risque d’assombrir la mosaïque ethnique et sociale brésilienne et mettant en péril toute politique socialiste pro-migratoire. Aussi, Haiti fera-t-il les frais de telles mesures capables d’empirer le poids social du gouvernement Haïtien?

Avec une population d’immigrants autour de 85 000 selon RefWorld, la migration Haïtienne ne débutant tout juste qu’après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 ne représente aucun danger pour le système social brésilien ni une menace pour le traditionnel marché de travail brésilien. Cependant, sauf en cas de naturalisation et d’une permission sélective de droit de résidence, les législations brésiliennes sur le droit des étrangers ne garantissent pas la permanence des acquis et bénéfices de l’immigration comme cela est fait aux Etats-Unis, pays où la Justice et le Congrès protègent les lois de l’immigration. Les conséquences d’une politique xénophobe de refoulement et d’exclusion sociale à l’égard de nos compatriotes pourraient venir compliquer davantage ce lourd fardeau du processus de rapatriement et de réinsertion économique de nos frères arrivant du Chili.

Aujourd’hui, l’heure n’est plus aux discours fanfarons propagandistes ni à la campagne de désinformation idéologique intéressée de certains intellectuels se disant socialistes; Mais plutôt c’est le temps de rationaliser nos dépenses publiques et redynamiser l’économie nationale pour le bénéfice de la majorité. En même temps, réorienter notre diplomatie vers le pragmatisme et la stratégie de l’équilibre qu’exigent le contexte international du temps présent. De fait, la montée en puissance du néoconservatisme mondial et des hommes forts au pouvoir correspond naturellement et légitimement à un vide de leadership moderne, modéré et modelé dans les appréciations et préoccupations socio-économiques des classes moyennes et défavorisées.

Ce vacuum d’agenda politique réaliste, qui pendant des décennies, est entretenu par la gauche libérale socialiste s’est vu élargi par des politiques déséquilibrées dans leur essence surréaliste caractérisé par une course effrénée de la corruption et de l’impunité, une amplification massive de la politique économique néolibérale fragilisant les économies locales, le rejet des valeurs morales judéo-chrétiennes pour une poussée vers l’extrémisme progressiste, l’aggravation des conditions de vie des classes moyennes par l’injustice sociale et l’excès de privilèges et de jouissances pour les élites traditionnelles.

En définitif, la chute de la gauche néolibérale dans le monde et la faillite de la transition démocratique en Haiti ne peuvent guère être un prétexte pour le retour du système dictatorial rétrograde ni une opportunité politique pour l’héritage putschiste des néomacoutes et alliés. La démocratie haïtienne est trop fragile dans ses acquis constitutionnels et surtout trop précaire dans ses fondations institutionnelles pour l’appropriation d’un éventuel régime politique fort à caractère nationaliste et dictatorial.

Cette Haiti que nous voulons tous doit être refondée sur les bases et principes légitimes de la démocratie, de la justice sociale, de la bonne gouvernance et de conditions équitables de création et d’acquisition de richesses. N’en déplaise aux nostalgiques et fanatiques de la terreur d’Etat, les présentes conditions géopolitiques et la dynamique éclairée de cette jeunesse haïtienne réveillée ne sauraient gré de livrer le destin Haïtien au passé répugnant.

Gumais Jean Jacques, AvMP
jjgumais@gmail.com