Petro Caribe: le mal du siècle!

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 3 juin 2019 Rezo Nodwes

par Dahney Corielan

Lundi 3 juin 2019 ((rezonodwes.com))– Haïti, petit pays de la Caraïbe, n’arrêtera pas d’étonner le monde. Ayant conquis son indépendance au prix du sang en défiant la plus grande armée de l’époque (l’armée napoléonienne), il est le seul nouveau-né (pays fraîchement indépendant) qui est arrivé à survivre lors même que les bourreaux (puissances impérialistes) l’ont empêché de grandir en le privant du lait maternel (le commerce triangulaire) et l’ont voué à une fin tragique car il ne pouvait pas se doter de techniques et outils pouvant lui permettre de maîtriser le seul espace total-global de l’époque (la mer) [Seintenfus : 2015].

            Outre ces faits ignobles, le nouveau-né était condamné à payer la dette de sa naissance au tyran de sa mère et meurtrier de son père (…). Paiement qui l’a condamné à vivre et à grandir dans la misère et dans la pauvreté depuis sa naissance. D’autres  tyrans ont tenté par plusieurs moyens de mettre fin à sa vie : on peut se rappeler de la période 1915-1934 où son identité, son courage et son honneur ont été volé, saccagé et bafoué dans de tristes circonstances. On a massacré ses entrailles et transporté son âme dans un coffre-fort dans un pays où seule sa voix compte de nos jours (Hugues Saint-Fort : 2015). Comprendra qui veut comprendre !

            Ainsi, l’histoire de ce pays nous montre qu’il est depuis longtemps un « zombi » qui s’est toujours efforcé de vivre parmi les vivants. Il a connu une dictature féroce qui par la suite s’effacera par un médicament internationalement populaire (la démocratie) et qui au lieu de guérir la plaie a continué de l’empirer puisqu’il est une solution importée qui n’a pas pris en compte la profondeur de la plaie et de la douleur ressenti par le malade. Haïti est à présent en lambeau, c’est un cimetière à ciel ouvert nous dit l’autre.

            Cependant, le pire de ses désillusions, c’est le dossier Petro Caribe qui est un véritable scandale, le plus gros complot du 21e siècle. L’avenir de ce mort vivant est compromis et l’espoir pour une résurrection nette à la vie s’évapore !

Ainsi, comment des dirigeants haïtiens ont pu trouver le courage pour détruire ce rêve que chérissait toute une nation : le retour à la vie de notre mère patrie ! Dilapider, voler, gaspiller plus de 4 milliards de dollars en l’espace de 10 ans dans des projets bidons, inexistants ou fictifs n’est que ruine étatique.

Le 2e rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) est la goutte d’eau qui vient renverser le vase à un moment pénible de notre histoire de peuple. Jamais le pays n’a connu une situation catastrophique pareille ! Le rapport des experts de la Cour vient de nous montrer la profondeur de ce grand mal bâtit sur la corruption, la concussion et le népotisme et qui, pour des décennies à venir va compromettre le destin de toute une population.

Et oui !, en Haïti on peut bien peindre le pan d’un vieux bâtiment endommagé par le séisme du 12 janvier pour plus de cinq (5) millions de dollars. Alors on doit se demander combien coûterait donc sa réparation ou sa rénovation? Des petits bracelets qui se font à quelques centimes selon la quantité ont coûté environ 90 $ à l’Etat haïtien. Des bracelets pour un parti politique en plus !

En lisant une partie de ce rapport durant ces deux (2) derniers jours, j’ai vomi mes tripes sur l’honneur, l’identité et l’intégrité de ces dirigeants voyous qui se sont succédé au pouvoir. Ils ne sont que des voleurs de grand chemin qui n’ont leur place qu’en prison. L’histoire contemporaine retiendra leurs noms, les noms de leurs enfants et arrières petits-enfants car son crayon n’aura pas de gomme.

C’est donc scandaleux de voir que ces voyous ont volé une partie de cet argent au nom de  l’éthique sociale et solidaire. Ils ont mis les noms de pauvres femmes (ti manman cheri), des gens pauvres des quartiers populaires (kantin popilè), des étudiants (kore etidyan), des paysans (kore plantè) au-devant, alors que la situation de ces personnes même à un niveau moindre n’a pas changé.

De nos jours les femmes continuent d’être marginalisées, les gens vivent dans la crasse et meurent de faim dans les quartiers pauvres du pays, les étudiants déploient nombre d’efforts pour récolter le chômage, l’exil forcé, le viol ou se font tuer tout carrément certaines fois. Le pays devient invivable, il est en crise constante! Beaucoup de fonds ont été débloqués pour des infrastructures mais le constat sur le terrain n’est qu’un pire cauchemar.

Existe-t-il une solution pour Haïti? Peut-on continuer à espérer d’un lendemain meilleur ? La seule solution possible selon mon humble avis c’est une prise de conscience citoyenne. Il faut que les citoyens de ce pays se relèvent de ce silence complice, de cet état de coma car sur le court terme nous périrons tous. L’heure est extrêmement grave !

On doit faire pression sur la justice et la renforcer également, on doit se méfier de tout ou groupe de « petit blanc mannan » qui veulent s’ériger en donneur de leçons face à une crise qu’ils ont eux-mêmes alimentée ou créée. On doit travailler pour l’émancipation d’une nouvelle classe politique au pays et surtout apprendre à faire confiance à des personnes qui aiment vraiment Haïti. Lorsqu’on vote aux élections pour des voleurs, des mercenaires, des voyous de tout acabit pour de l’argent ou sur la base de discours populistes axés sur de fausses promesses, on ne peut espérer que le résultat qu’on a aujourd’hui.

La seule question digne de sens dans cette conjoncture actuelle marquée par le désespoir, la misère et la corruption est : Kote kòd petro caribe a ?

Dahney Corielan
Insoumis