« Quoi que fasse et dise Jovenel Moïse, la fin de son mandat arrive », titre l’édito de Haïti-Observateur

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7 juin 2019 Rezo Nòdwès

« L’affaire PetroCaribe pourrait être le tombeau de Jovenel Moïse« , le titre de l’éditorial de Haïti-Observateur paru le 7 mars 2018, pour souligner l’importance et la nécessité de la tenue d’un procès Petro Caribe afin de punir tout présumé accusé et complice de la dilapidation et dans le détournement de ces fonds que tous les haïtiens, en général sont appelés à payer dans les deux prochaines décennies…

Aujourd’hui encore, écrit le plus ancien hebdomadaire haitien de New York, Haïti-Observateuur, dans son éditorial de la semaine, « le président Jovenel Moise s’est attaqué au rapport de la CSC/CA, par le truchement de ses thuriféraires, qualifiant le document de persécution politique« . Quant à M. Moïse lui-même, souligne l’édito, il a déclaré dans une intervention sur cette affaire que « C’est moi le président, seul autorisé à soumettre l’enquête sur le Fonds PetroCaribe à la Cour supérieure des comptes« .

« Si M. Moïse persiste à créer les conditions pour protéger les dilapidateurs du fonds PetroCaribe, il court le risque de voir cette affaire entraîner la fin prématurée de son quinquennat» a averti Haïti-Observateur, le 7 mars 2018, qui toutefois, ne voudrait pas être pris pour un oiseau de mauvaise augure

New York, vendredi 7 juin 2019 ((rezonodwes.com))– Qui viendrait arrêter la machine de l’histoire ?

En Haïti, si les noms des dirigeants finissaient par Dessalines, Pétion ou autres renommés Héros de l’Indépendance, ceci porte à croire que personne d’autre qu’eux ne pourrait ainsi prétendre avoir la science infuse ni le droit d’imposer arbitrairement ses quatre volontés à la nation.

« Dans le cadre de l’enquête sur l’utilisation du fonds PetroCaribe, du résultat des rapports Beauplan et Latortue, aussi bien que la manière dont le gouvernement Moïse-Lafontant traite le dossier, les autorités haïtiennes », écrit Haïti-Observateur dans son éditorial du 7 mars 2018se comportent en criminels impénitents agissant comme si elles n’étaient liées à aucun traité international.

Après la publication par la Cour supérieure des comptes et du Contentieux administratif (CSC/ CA) de son second rapport sur l’utilisation du Fonds
PetroCaribe, ainsi que les premières révélations le concernant, le pays
semble crier d’une seule voix déclarant arrivée la fin du mandat de Jovenel Moïse. Mais, il paraît aussi que le président haïtien feint de ne pas comprendre l’ampleur de l’opposition contre lui, optant, de préférence, analyse H-O, pour écouter les avis de ses proches collaborateurs lui faisant croire le contraire.

Si son obstination à ignorer les revendications populaires et les cris d’opposition à ses politiques, dont les échos montent dans les rues de la
capitale et de nos villes de province, et jusqu’aux derniers recoins de l’arrière-pays, l’a jusqu’ici plus ou moins bien servi, la réalité a brusquement changé. Car la majorité des citoyens sont en mode de « démission » du chef de l’État, une étape qu’ils jugent incontournable.

« Un stratagème de détournement de fonds »Deux contrats identiques pour le même projet. Découverte troublante, affirme la Cour : les 39 990 399 gourdes pour le projet Borgne – Petit Bourg de Borgne en 2014

Dans le deuxième rapport de 610 pages de la CSC/CA, celle-ci dit avoir fait une « découverte troublante ». En effet, souligne le document, dans l’année 2014, l’État a passé deux contrats identiques pour le même chantier, au profit de deux sociétés ayant deux patentes de même numéro, en vue de la réhabilitation du tronçon de route Borgne-Petit-Bourg de Borgne, pour plus de 39 millions de gourdes (39 990 399 gdes).

Les sociétés en question,«Agritrans », spécialisée dans la culture de banane pour l’exportation, dont Jovenel Moïse était le président avant son élection à la présidence; et « Betexs ». L’organisme de contrôle souligne également : « Les deux entreprises ont réalisé distinctement les mêmes ouvrages aux mêmes dates». Une situation qui porte les juges à dénoncer « un stratagème de détournement de fonds ».

Un président de la République doit avoir un comportement exemplaire. Jovenel Moise a pris part à une opération ayant l’allure de malfaiteurs, poursuit l’édito de Haïti-Observateur

Les évidences sont jugées extrêmement accablantes quant à la participation du président de la République à un projet ayant l’allure d’une opération de malfaiteurs. D’aucuns oseraient dire que l’appréciation des juges de la CSC/CA affiche une sévérité outrée à l’égard de M. Moïse.

Mais, président de la République de qui on doit s’attendre à un comportement exemplaire, surtout qu’il a prêté serment de respecter et de faire respecter la Constitution et les lois du pays, Jovenel Moïse n’a pas sa place au Palais national, étant participant au pillage du Fonds Petro Caribe.

Les 26 mois de Jovenel Moise au pouvoir, analyse l’éditorialiste. Le peuple endure la mal gouvernance de l’administration Tèt Kalé livrant le pays aux gangs

Durant ses 26 mois au pouvoir, la politique du laisser-faire de Jovenel Moïse a continué la destruction de l’économie et favorisé la dégradation du système sécuritaire entamée avec Michel Martelly.

Aujourd’hui, le peuple haïtien endure la mal gouvernance caractéristique de l’administration Tèt Kale : État insolvable, économie en banqueroute, le crime organisé tenant le haut du pavé, l’insécurité omniprésente et le pays livré aux gangs armés recrutés, armés et financés par le pouvoir; ainsi que la dégringolade de la gourde suivant inexorablement son cours, jusqu’à atteindre présentement le taux de 95 gourdes pour un dollar. Tandis que au commencement de l’ère « Tèt Kale », le taux d’ échange était à 40 gourdes pour un dollar.

Voilà où la politique de Jovenel Moïse a conduit Haïti, au moment de la remise du rapport de la CSC/CA aux présidents des Chambres législatives.

Dans la mesure où les données révélées dans ce document relatives
au président de la République dénoncent une œuvre de délinquant assimilable à des malfaiteurs, cela ne fait que confirmer des faits mille fois
évoqués concernant M. Moïse. Qu’on se le rappelle, ce dernier a prêté
serment comme chef d’État alors qu’il était sous le coup d’une inculpation
pour blanchiment d’argent.

La Résolution de Lambert était bien accueillie par le Palais National qui l’a promulguée dans le Moniteur, qu’on s’en souvienne

Le président Jovenel Moise, en février 2018, n’avait pourtant formulé aucune objection lorsque Joseph Lambert, alors président du Sénat, avait, de concert avec les alliés de la présidence au Sénat, acheminé le dossier à la Cour des Comptes, au grand dam des sénateurs de l’opposition. Mais Moïse, lui-même, lors de sa visite à Paris en décembre 2017, n’avait-il pas affirmé
que c’est lui qui avait contraint le Sénat de remettre le rapport à la CSC/CA ?

De toute évidence, après tout ce que l’on sait de Jovenel Moïse, le rapport de la CSC/CA constitue un coup de massue pour lui. Puisque les révélations du document le concernant ont suscité une vague de demandes pour qu’il se retire tranquillement avant de « se rendre à la justice ».

« Il est insupportable que des centaines de millions aient été détournés, dans un pays pauvre comme Haïti… ». Ambassadeur de France en Haïti dans un entretien avec Le Nouvelliste 48 heures avant la publication du rapport de la Cour

Voici ce qu’a déclaré José Gomez, ambassadeur de France en Haïti, deux jours avant la diffusion du rapport de la CSC/CA, dans une interview au Nouvelliste, interview publiée dans l’édition du 4 juin 2019 :

« (..) Il est insupportable, dans un pays pauvre comme Haïti, que des centaines de millions de dollars, dans le cadre de PetroCaribe, aient été détournés. Les gens ne l’acceptent pas ! Ils ont raison de ne pas l’accepter. Ce que nous souhaitons, par exemple, c’est que la Cour des comptes remette, dès que c’est possible, au Parlement la deuxième partie de son rapport. À cet égard, les pressions qui sont exercées sur la Cour des comptes pour qu’elle ne remette pas la deuxième partie de ce rapport sont inacceptables dans une démocratie».

Plusieurs parlementaires haïtiens sont du même avis que Himler Rébu. Et bien d’autres intervenants de la société civile, du monde des affaires et d’autres secteurs de la vie nationale parlent dans le même sens. Sans oublier les militants traditionnels qui sont sur la brèche depuis longtemps quant au scandale Petro-Caribe, le secteur démocratique et populaire, les petrochallengers et bien d’autres organisations et personnalités.

En un mot, c’est tout le pays qui demande que Jovenel Moïse démissionne et se mette à la disposition de la justice. Sans aucun doute, Jovenel Moïse ne peut plus rien faire ou dire qui puisse changer les choses. Le sort en est jeté!

Tant pis pour lui s’il persiste à feindre d’ignorer ce qui se passe, conclut le texte de l’éditorial de Haïti-Observateur, paru dans l’édition VoL. XXXXIX, no. 23 New York, 5- 12 juin 2019.