Document intégral : Ariel Henry prêche le dialogue, après 10 mois d’échecs et de gestion par le mépris

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By Rezo Nodwes -22 mai 2022

ÉLÉMENTS POUR UN DIALOGUE INTERHAÏTIEN CONSTRUCTIF EN VUE D’UN RETOUR RAPIDE VERS UN FONCTIONNEMENT NORMAL                                      DES INSTITUTIONS RÉPUBLICAINES

par Ariel Henry

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Vendredi 20 mai 2022 ((rezonodwes.com))–

Pour le sauvetage durable de notre patrie commune, il importe que toutes les haïtiennes et tous les haïtiens acceptent l’idée que c’est une obligation et un impératif que le dialogue constitue la seule voie efficace pour construire ensemble un avenir pour notre jeunesse et pour notre pays.  Un tel dialogue doit impliquer un large éventail de compatriotes et ne saurait en aucun cas se limiter à un ou deux groupes d’individus.

Le gouvernement de la république que j’ai l’honneur de diriger est le fruit d’un dialogue et d’un consensus bâti avec des citoyens de bonne volonté qui ont compris que l’heure n’était plus aux querelles stériles et encore moins aux luttes fratricides pour un pouvoir éphémère. La crise multiforme que connait notre pays demande à chacun de l’abnégation et une capacité certaine de dépassement qui permettent de faire taire son égo, d’accepter de faire les concessions nécessaires en vue de sortir notre pays du marasme.

La recherche d’une solution durable ne peut pas se résumer à un tête-à-tête entre le gouvernement et ses alliés et le groupe de Montana même élargi. Une telle démarche écarterait des pans entiers de notre société surtout dans les divers départements.  Nous n’avons  pas le droit de les tenir à l’écart dans ce débat national.  Il est essentiel qu’une majorité de la population puisse se retrouver dans les choix que nous faisons pour sortir notre pays de l’impasse.

Depuis quelques semaines une initiative qui n’émane pas du gouvernement a été prise par trois personnalités représentatives de secteurs vitaux de la Nation.  Ils ont été sollicités par divers acteurs sociaux et politiques pour tenter une démarche haïtienne de dialogue et d’échanges avec un large éventail de groupes organisés et de personnalités, sans interférence étrangère. Il s’agit d’un représentant du secteur religieux, d’un professeur reconnu dirigeant du secteur universitaire, et un jeune président d’une association patronale du secteur privé.  Le gouvernement croit que le travail entrepris par ces personnalités qui ont l’avantage d’être non partisans et de pouvoir parler à tous les secteurs mérite d’être encouragé et soutenu.

Quel que soit le processus qui les a conduit à se mettre ensemble et à s’engager dans cette démarche, force est de reconnaitre que l’idée et bonne et est susceptible de permettre de dégager les éléments d’un consensus suffisant autour de quelques point fondamentaux pouvant nous conduire dans les meilleurs délais vers un retour à un fonctionnement normal de nos institutions républicaines.  Ce qui demeure un passage obligé vers des solutions durables des problèmes qui rongent notre société à commencer par l’insécurité qui paralyse le cours normal de la vie quotidienne, la misère abjecte dans laquelle végète une part trop importante de nos concitoyens, la corruption qui prive l’état des ressources indispensables pour répondre aux attentes de la population, le dysfonctionnement ou l’effondrement de nos institutions démocratiques.

Vu l’urgence de la situation et la dégradation  des conditions de sécurité, malgré les efforts de nos policiers, nous ne pourrons pas adresser tous les problèmes du pays.  Il est urgent qu’une majorité se mette d’accord sur quelques questions fondamentales et que nous nous engagions résolument sur la voie devant nous conduire vers la remise des rênes du pouvoir à des élus librement choisis par le peuple haïtien.

Mon gouvernement croit fermement que les haïtiennes et les haïtiens de bonne volonté devraient être en mesure de s’entendre sur les quatre (4) points déclinés ci-dessous.  L’approche efficace pour aller de l’avant rapidement, serait de laisser de côté les sujets qui divisent sur lesquels les positions semblent irréconciliables et de nous concentrer sur la recherche de consensus et d’unité nationale autour de :

  1. UN FRONT COMMUN DES PATRIOTES UNIS CONTRE L’INSÉCURITÉ ET LA CORRUPTION

L’insécurité entretenue par des gangs armés, affecte tous les segments de notre société, sème la terreur dans les foyers, perturbe la libre circulation des personnes et des biens.  Toute la partie saine de notre société réprouve sans réserve le comportement des bandits et de ceux qui les utilisent, soutiennent, les financent et les approvisionnent en armes et en munitions.  Nos policiers et nos militaires qui risquent chaque jour leur vie pour faire face à ce fléau, ont besoin de se sentir soutenus par cette population qu’ils ont juré de protéger et de servir.

Il faut un front commun sans faille des patriotes et des citoyens concernés pour mobiliser les ressources nécessaires pour l’acquisition des moyens indispensables pour l’accomplissement de leur mission difficile.  Cela va demander des sacrifices à un moment où les ressources budgétaires sont extrêmement limitées et où les besoins sont considérables.  Une lutte sans merci contre la corruption est indispensable et devrait contribuer à assainir les finances publiques et à dégager des moyens supplémentaires pur combattre l’insécurité.

  1. UN CONSENSUS SUFFISANT SUR LES MODIFICATIONS ESSENTIELLES À APPORTER À LA CONSTITUTION POUR RENDRE NOS INSTITUTIONS DÉMOCRATIQUES PLUS FONCTIONNELLES

Il semble y avoir un consensus suffisamment large pour que nous envisagions une procédure célère pour apporter les modifications indispensables sur quelques points clés que trente-cinq ans d’application ou de non application des prescrits de la constitution ont montré les limites ou leur inadéquation par rapport à nos pratiques.  Ce sont ces points là qu’il nous faudra revoir et améliorer.

Toute démarche visant à apporter des changements à notre charte fondamentale en dehors de la procédure qui y est prévue, doit impérativement faire l’objet d’une large concertation et en bout de ligne obtenir la sanction populaire.  IL est possible avec de la bonne volonté de construire des consensus autour de ce qui n’a pas bien fonctionné dans nos institutions et de venir avec des solutions qui ont fait leur preuve partout dans le monde démocratique.

  1. LA MISE EN PLACE DE STRUCTURES TRANSPARENTES ET CRÉDIBLES POUR LA RÉALISATION DES ÉLECTIONS DANS UN ENVIRONNEMENT APAISÉ FAVORISANT UN FORT TAUX DE PARTICIPATION GARANTISSANT UNE LÉGITIMITÉ CERTAINE AUX FUTURS ÉLUS

Mon gouvernement a pris l’engagement de remettre la direction des affaires du pays à des élus librement choisis par le peuple haïtien dans le cadre d’élections transparentes et crédibles.  Il est évident que dans la situation d’insécurité qui prévaut actuellement, nous ne pourrons pas organiser des consultations populaires ni des élections immédiatement, car il nous faut un environnement propice à bien des égards. Mais c’est un travail qui se prépare longtemps à l’avance.

Il importe donc que nous nous mettions d’accord sur les mécanismes les plus appropriés pour créer un appareil électoral qui inspire confiance à la population et l’incite à se rendre massivement aux urnes.  Toutes les fois que la population sera consultée il est fondamental que le taux de participation soit élevé, très élevé.  Qu’il s’agisse de valider les changements dans notre constitution, ou qu’il s’agisse de choisir les élus tant nationaux que locaux, il nous faut absolument atteindre un seuil de participation suffisamment important pour octroyer une légitimité indiscutable aux choix d’organisation constitutionnelle des pouvoirs ainsi qu’à celles et ceux qui auront à prendre les décisions politiques difficiles qui s’imposeront pour transformer notre pays et le rendre plus juste, plus sûr et plus prospère.

  1. UN PROGRAMME D’APAISEMENT SOCIAL PERMETTANT DE SOULAGER LE SOUFFRANCES DES PLUS DÉMUNIS

La situation économique de notre pays est catastrophique.  Elle s’est considérablement aggravée du fait des conséquences des conflits externes qui nous impactent et entretiennent une augmentation insupportable des prix des produits de premières nécessités.  Près de cinq (5) millions de nos compatriotes sont en insécurité alimentaire.  Nous ne pouvons pas rester à regarder une telle situation avec fatalisme et nous en remettre uniquement au Bon Dyé Bon. 

Mon gouvernement a pris à la fin de l’année dernière des décisions difficiles en arrêtant ou en diminuant les subventions aux produits pétroliers.  De telles mesures visaient à dégager des ressources supplémentaires pour faire face aux urgences de l’heure que sont l’insécurité et le soulagement des souffrances des plus défavorisés.  Malheureusement une inflation galopante et le renchérissement des prix du pétrole avec ses conséquences induites sur toute l’économie, nous obligent à rechercher et à trouver d’autres solutions.

Dans ce domaine aussi nous serons plus efficaces si nous sommes unis et nous nous entendons sur les sacrifices que chacun de nous doit accepter pour nous montrer plus solidaire avec les plus faibles et éviter une explosion sociale.

Mon gouvernement croit qu’il est possible pour les haïtiens de bonne volonté de se mettre d’accord sur les points évoqués ci-dessus, sans rouvrir des débats interminables sur d’autres questions.  Il demeure entendu que ce sera la tâche du gouvernement de continuer à gérer les affaires de la république qui sont toutes urgentes : faire fonctionner la justice, combattra la corruption, freiner la contrebande pour augmenter les recettes de l’état, relancer la production agricole en vue de réduire la dépendance par rapport aux produits importés etc…

Le gouvernement demeure ouvert pour dialoguer avec les uns et les autres dans le meilleur intérêt de notre patrie commune.

Ariel Henry