Jovenel Moïse: « Presque tous les contrats passés pendant les 10 dernières années sont surfacturés »

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Publié le 2018-06-12 | Le Nouvelliste

National –
« Presque tous les grands contrats publics passés en Haïti pendant les dix dernières années sont surfacturés. Les preuves sont là. Autant dire que l’État est en train d’enrichir une minorité et d’appauvrir la collectivité », a dénoncé le président de la République, Jovenel Moïse, lors de l’ouverture du colloque sur les marchés publics, ce mardi, au Centre de convention et de documentation de la Banque de la République d’Haïti. « Avec des droits de réserve, je dois vous dire qu’il y a des gens qui ont fait beaucoup de torts à ce pays. Il y a des contrats qui ont tué ce pays. Après 16 mois à la tête du pays, je suis en état de choc », a ajouté le locataire du palais national.

Plusieurs hauts cadres de la fonction publique participent à ce colloque qui se tient les 12 et 13 juin, sous les auspices de la Commission nationale de la passation des marchés publics (CNMP) autour du thème «Ethique et transparence, moyens de lutte contre la corruption dans les marchés publics ». Dans son discours, le chef de l’État s’est adressé directement à ces derniers. « Vous, les hauts cadres de la fonction publique, est-ce que vous êtes prêts à dire : jamais plus jamais, il n’y aura pas de contrats qui ne respectent pas l’intérêt de l’État ? », interroge Jovenel Moïse, soulignant qu’il y a nécessité pour que l’argent public puisse travailler pour le bien-être commun et non pour quelques personnes.

Le président Jovenel Moïse a repris sa déclaration faite il y a plus d’un an concernant la corruption, dans son discours de circonstance à l’ouverture de ce colloque. « Le pays a 5 problèmes : Premièrement corruption, 2e) corruption, 3e) corruption, 4e) corruption, 5e) corruption », a répété encore une fois le chef de l’État, précisant que la corruption est partout et elle est comme l’air que nous respirons. Le président de la République a considéré la corruption comme une gangrène qui ronge la société et un crime contre le développement. Il a fait appel aux cadres de la fonction publique pour combattre ce fléau. « Nous sommes prêts, au niveau de mon administration, à combattre la corruption. Toutefois, sans la fonction publique, sans les hauts cadres de la fonction publique, la bataille contre la corruption est perdue d’avance », a reconnu le chef de l’État.

En termes de lutte menée contre la corruption, Jovenel Moïse a fait savoir que son administration mène le combat contre les chèques zombis et assure que les recrutements dans la fonction publique se font par voie de concours. Ensuite, il a rappelé que dès le début de son mandat, il avait effectué la déclaration de son patrimoine économique. « Chaque fois qu’il y a une offre d’emploi au niveau de l’administration publique, il ne revient pas au président de faire embaucher une personne. C’est aussi le cas pour les hommes d’affaires. Je dois leur dire que je ne peux rien faire pour eux. Quand il y a des appels d’offres ou des manifestations d’intérêts, les hommes d’affaires doivent y répondre et oublier qu’ils sont les amis du président. C’est le jeu, il faut respecter ses règles. Que le meilleur gagne », a déclaré Jovenel Moïse, soulignant que la corruption est capable de déstabiliser le pays et qu’elle finance l’insécurité.

Pour sa part, le coordonnateur de la CNMP, Florient Jean Mari, a indiqué que ce colloque s’inscrivait dans le cadre d’une vaste campagne de communication qui prendra fin avec la clôture de ces assises. Il a fait référence aux 22 indicateurs établis par des experts pour évaluer les performances d’un pays. Six de ces indicateurs renvoient à la bonne gouvernance, a-t-il souligné. La démocratie, la bonne gouvernance, l’engagement ferme du pays à promouvoir le pluralisme politique, l’égalité, l’État de droit, la protection des droits des propriétés privées, l’encouragement de la transparence, la responsabilisation du gouvernement et la lutte contre la corruption sont autant d’indicateurs de performance énumérés par le coordonnateur de la CNMP. « La lutte contre la corruption est un indicateur à la fois de bonne gouvernance et de performance », a-t-il affirmé.

Après avoir souligné quelques principes qui régissent la passation des marchés publics : le libre accès à la commande publique, l’égalité de traitement des candidats, la transparence des procédures, le respect de l’éthique et l’efficacité des dépenses publiques, le coordonnateur de la CNMP, Florient Jean Mari a identifié la corruption comme un problème qui peut entraver le système de passation de marchés publics dans n’importe quel pays. « De tous les obstacles que rencontre le système national de passation de marchés publics dans l’atteinte des objectifs visés, le problème de la corruption constitue, à lui seul, un défi majeur. Tenant compte du poids économique des marchés publics, la corruption peut causer des dommages considérables à l’économie d’une nation, tel est le cas pour l’économie nationale », a soutenu Florient Jean Mari.

Au lancement de ce colloque, la présence du président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), Jules Cantave, du gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois, et de la première dame Martine Moïse a été remarquée. Dans les discours prononcés à la cérémonie d’ouverture, la question relative à la dilapidation du fonds PetroCaribe n’a pas été abordée ni le rôle déterminant de la justice.

Gérard Junior Jeanty

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