Publié le 2018-07-06 | Le Nouvelliste
National –
Il y a eu pratiquement tout un assemblage d’ingrédients pour que la rencontre entre la commission Affaires sociales et Travail du Sénat et le ministre des Affaires sociales, accompagné, entre autres, du directeur général de l’ONA, parte en vrille ce mercredi. Il y a eu, d’une part, quelques employés de l’ONA venus expressément pour supporter leur patron et, de l’autre, d’autres – des syndicalistes – débarqués pour le gronder à chaque prise de parole. Et puis le sénateur Jean Renel Sénatus, documents à l’appui, a touché du doigt la « gabegie administrative » qui entacherait la gestion de l’institution de sécurité sociale.
Mais le parlementaire, énervé à chaque fois que son collègue Rony Célestin lui coupe la parole, était par moments dans la comédie, tant ses incessants rires l’ont trahi. Jean Renel Sénatus, poussé dans ses retranchements par Youri Latortue qui lui a exigé d’étaler les preuves de « gabegie administrative », a enfin remis un ensemble de documents au président de la commission, le sénateur Walnique Pierre. Sénatus a voulu montrer que l’ONA est mal géré. Latortue, lui, était venu appuyer Chesnel Pierre, son poulain. Les nerfs étaient un temps à fleur de peau avant de s’être soudainement estompés, comme souvent au Bicentenaire.
Dans une salle où tout le monde sue à grandes gouttes, parce que la climatisation est en panne et que les coupures d’électricité sont récurrentes, les élus, presque d’une seule voix, ont émis le vœu que le prêt à l’ONA soit accessible aux petites gens de la classe moyenne, comme aux chefs et aux pontes du secteur privé des affaires de Port-au-Prince. Ils espèrent voir également la « dépolitisation » de tous les programmes de l’ONA et que ceux-ci soient étendus dans les dix départements du pays. Ce à quoi le directeur général de l’ONA, Chesnel Pierre, a répondu par l’affirmative. Chesnel Pierre, qui a évoqué la « bonne santé financière » de l’ONA, a même annoncé d’autres programmes.
« Je suis le seul directeur général à n’avoir révoqué personne depuis ma prise de fonction », a ajouté le patron de l’ONA, à l’adresse de Jean Renel Sénatus qui l’a accusé de s’aventurer à opérer des « révocations illégales ». « Il n’y a aucune gabegie à l’ONA », soutient Chesnel Pierre, outré par ce qu’il appelle des « rumeurs » qui le fatiguent inlassablement sur les réseaux sociaux. À quelques mois de la fin de l’exercice fiscal 2017-2018, l’ONA en est à 40% de son budget qui fait 11 milliards de gourdes, s’est réjoui Chesnel Pierre, face aux caméras, prédisposé à partager les documents avec les pères conscrits qui se secouent cette semaine au bord de mer alors que la Chambre des députés est paralysée.
« Beaucoup de points d’ombre se sont éclaircis », confie, en marge des discussions, le sénateur Walnique Pierre, président de la commission Affaires sociales et Travail du grand Corps. « Je suis sorti très satisfait des réponses sur certaines rumeurs relatives à la gestion de l’ONA », a enchaîné Walnique Pierre, rappelant que les commissaires [les sénateurs membres de la commission] vont néanmoins approfondir certaines questions. Les discussions ont également porté sur la gestion de la Caisse d’assistance sociale (CAS) – elle-même entre les mains du sénateur Gracia Delva – et la question du salaire minimum. La présidente du CSS, Guerline Jean Louis, a fait savoir que le cinquième rapport sur les salaires sera disponible avant le 30 septembre et celui-ci tiendra compte de l’inflation, des indices micro et macroéconomiques…
Juno Jean Baptiste