Sur la question de l’utilité de la philosophie…

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By: Rezo Nodwes – 3 janvier 2023

Par Camille Loty Malebranche 

Mardi 3 janvier 2023 ((rezonodwes.com))–

À la question réflexe « à quoi sert la philosophie? », je dis qu’ainsi posée, cette interrogation répétitive résonne comme une inquisition. Question trop chargée de préjugés sots, au point d’en devenir aberrante! Aberration primitive de la foule qui ne peut s’imaginer un ailleurs à l’utilité servile, celle de l’usage objectal des choses. Pragmatisme programmé par la société de l’immédiat.

Posée au pluriel, la réponse à la question de la fin des philosophies, non de leur utilité, serait: Elles aident à proposer des modes de vision, des manières de regard des êtres et des choses.

Mais sans vouloir justifier ce qui n’est sur la sellette du superfétatoire que par la superfluité du pratique, du rentable et de l’utile, ces idoles de la masse servile et réflexe que le systématisme de l’ordre socioéconomique et de l’idéologie programme, nous affirmons une bonne fois pour toutes, que l’utilité n’est pas la fin de l’homme et que ce qui est humain n’a que faire des réquisitions d’un quelconque mode de production ou d’emploi utilitaire.

Pour retourner à la manière de comprendre, cette forme d’observation et de perception qu’est la philosophie, je dis qu’elle (la philosophie) est le regard plongé dans les essences pour y appréhender le sens premier et ultime des étants, choses et situations perçus comme constituant l’être c’est-à-dire la présence en général en tant qu’antithèse du néant, à travers une généalogie et une eschatologie fondamentales. C’est là, essentiellement, l’activité intellectuelle du philosophe dont la démarche est d’interroger le pourquoi et la finalité de toute présence, et parmi cette finalité, la place de l’homme.

La philosophie est une anthropologie interrogative qui tente en tout d’élaborer une herméneutique de la présence en soi par delà le comment et la matérialité de son objet. Donc, de la cosmologie où le philosophe pense l’origine comme cause première des univers, jusqu’à l’interrogation de la plus proche des choses, par exemple le design d’un sous-vêtement féminin au-delà de son aspect usager de protection, sa fonction érotique et de séduction qui émoustille le mâle, ou peut même induire du fétichisme chez certains excentriques, la philosophie conspue l’utile immédiat et réflexe de ceux qui veulent à tout prix tout réduire, à commencer par l’être humain lui-même, en une vulgaire fonctionnalité dans l’ordre pratique, mécanique, ô combien morbide et réificateur des objets!

La philosophie est l’activité ultra-intellectuelle par excellence, en tant que posture théorétique qui pense et qui, par les étapes de méditation de réflexion et de cognition via la cogitation, gratifie le penseur et l’humanité en général de l’élaboration d’idées au-delà de l’usuel. La philosophie permet de visualiser interrogativement de manière plurale et distanciée l’abstrait et le concret à travers la mouvance abstraite de l’entendement du philosophe qui ne fait pourtant jamais abstraction de la dimension pensante, ce caractère exclusivement propre au génie humain… C’est pourquoi bien orientée, la philosophie demeure une source inépuisablement nutritive de sagesse pour concevoir la finalité de l’action et le sens des faits et choses dont elle appréhende et dévoile les essences.

La philosophie est un Argos Panoptès discursif qui regarde et scrute interrogativement le substratum de l’être des étants et des faits du monde, cherchant à voir leur quiddité afin d’outiller l’intelligence humaine pour un meilleur rapport conscient de l’homme à l’être. À ce compte, la philosophie est directement ou indirectement ontologie globale au service d’une anthropologie éclairée pour aider l’homme à s’orienter dans le jugement et l’agir ultérieur.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Lire l’original de l’article sur le blog de l’auteur Intellection