Nice Simon, battue par son compagnon, dit avoir frôlé la mort

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Publié le 2018-10-02 | Le Nouvelliste

National –
Les photos de Nice Simon avec des bleus dans le dos, une morsure à l’épaule gauche, des traces de coups à la joue gauche et l’œil droit tuméfié ont eu l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. « Oui, ces photos sont authentiques. Yves Léonard, le père de mon fils, m’a agressée lundi soir entre 11 heures 30 et minuit. Il a tenté de m’étrangler, m’a giflée et m’a donné des coups de poing à la tête. J’aurais pu mourir », a confié au journal Nice Simon, actrice, actuelle mairesse de Tabarre, mardi en fin de soirée.

« Ce n’est pas la première fois qu’il m’a agressée. Je n’avais pas porté plainte parce que ce n’était pas aussi grave que maintenant », a expliqué la victime, soulignant qu’elle s’est emmurée dans le silence parce qu’elle avait « honte » que l’on sache qu’elle subissait ces agressions. « J’avais honte en tant qu’autorité, en tant que femme. Je me sentais rabaissée. Cette fois je décide de porter plainte parce qu’il a failli me tuer », a poursuivi l’édile de Tabarre.

Cette fois, la pomme de discorde a rapport, a-t-elle révélé, avec le comportement de son compagnon Yves Léonard qui « manipule » un commissaire du gouvernement de Croix-des-Bouquets pour que celui aille au-delà d’une enquête sollicitée par l’ULCC concernant la précédente administration à la mairie de Tabarre, d’octobre 2015 à janvier 2016. « Je ne suis pas concernée par l’enquête. Je n’étais pas encore mairesse à cette période », a souligné Nice Simon, estimant que son compagnon, pour avoir « peut-être » des informations, agit de façon à ce que le commissaire du gouvernement en question implique son administration dans l’enquête. « J’ai fait comprendre à Léonard que je ne règlerais pas la question à l’amiable avec le commissaire. Cela n’aurait fait aucun sens que je vienne rencontrer le commissaire à l’hôtel au moment où il buvait de la bière et mangeait du cabri. Je voulais gérer la question de manière administrative. J’ai dit au commissaire qu’il devait faire ce que l’ULCC lui avait prescrit », a confié Nice Simon, qui entend donner une conférence de presse mercredi matin.

Les explications de l’accusé

Contacté par le journal, Yves Léonard nie d’emblée avoir agressé Nice Simon.

« Elle doit dire quand je l’ai agressée au moins une fois. Elle doit donner la date et l’heure », a-t-il d’abord indiqué avant d’admettre qu’il a mordu Nice Simon à l’épaule parce que celle-ci lui avait mordu le pouce. C’est à ce moment qu’elle s’est frappé la pommette droite, a indiqué Yves Léonard qui souligne que pour les traces au visage, Nice Simon a un problème « d’acnés » que le public ne peut pas voir parce que sa compagne est toujours maquillée. Il n’a pas expliqué les bleus dans le dos mais a raconté que Nice Simon semblait possédée par un mauvais esprit au moment d’une conversation concernant le dossier dont le parquet a la charge. Yves Léonard a déclaré n’avoir aucune influence sur le commissaire du gouvernement en question, révélant que ce dernier a dans son viseur un homme très peu catholique encore employé à la mairie. Yves Léonard a fait savoir que les dénonciations de sa femme sont politiquement motivées. « Elle craint que je participe aux élections en face d’elle », a-t-il affirmé.

Condamnations et appels à des poursuites judiciaires

« Nous condamnons toutes les formes de violence, surtout celles faites aux femmes », a confié le sénateur Antonio Cheramy, acteur ayant partagé l’affiche avec Nice Simon dans le film à succès de Richard Sénécal « I love you Anne ». « Je n’ai pas encore parlé à la mairesse Simon pour savoir de quoi il en retourne, mais après avoir vu les photos que l’on m’a envoyées, je ne peux que condamner ces actes », a poursuivi le représentant de l’Ouest.

« Nous avons appris avec stupéfaction ce qui s’est passé. C’est impensable qu’une femme, qu’une autorité soit battue par son conjoint », a indiqué le président de la Fédération nationale des maires d’Haïti, Jude Edouard Pierre, estimant que rien ne justifie ces agressions. « Il faut combattre la violence faite aux femmes. Nous offrons notre solidarité à la mairesse et espérons qu’elle se réhabilite rapidement et retrouve sa dignité. Nous lui offrons nos sympathies », a indiqué le maire de Carrefour.

« Il est temps que cela cessé. Les femmes ne peuvent plus continuer à subir de telles brutalités », a réagi Marie Laurence Jocelyn Lassègue, responsable de Idea International, militante féministe depuis plusieurs décennies. « Les associations féministes assument leurs responsabilités au quotidien. Que la justice et la société en fassent autant ! », a appelé madame Lassègue.

Pascale Solages, militante féministe, a estimé que ces photos de l’actrice sont « juste un appel à l’aide ». « Aidez-la. Que la justice se mette en marche! Qu’elle reçoive tous les appuis dont elle a besoin! Psychologiques surtout », a déclaré Pascale Solages, estimant que « la publication de ces photos, les réactions de la société vont avoir dans sa vie dans les prochaines heures l’effet d’un tsunami ». « Elle aura besoin de toute l’aide que l’on pourra lui apporter », a insisté la militante, qui saisit l’occasion de ce nouveau drame pour dire « que les violences envers les femmes n’épargnent aucune catégorie de femmes ». « Les coupables de violence, toutes formes de violence envers les femmes, n’ont pas un profil type », a rappelé la figure de proue du mouvement Nègès Mawon qui croit que pour l’heure, l’important c’est l’action. Pour la victime. Contre le coupable.

Le cas de l’actrice Nice Simon s’ajoute à celui d’autres femmes, dont la chanteuse Rutshelle Guillaume, en 2016 sévèrement battue par son compagnon de l’époque, le chanteur Roody Roodboy. Entre l’agression physique et la mort, il n’y a, des fois, qu’un palier à franchir. Comme celui franchi par Valdo Jean, petit ami de Ginoue Mondésir, actrice, présentatrice à Télémax. Il l’avait battue à mort. L’agresseur, l’assassin est aujourd’hui libre de ses mouvements à la faveur d’un de nos épisodes « prizon kraze, prizonye sove ».

Roberson Alphonse