Environnement – Pollution : les officiels haïtiens parmi les grands coupables

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6 juin 2019 Rezo Nodwes

par Dr Jean Ford G. Figaro

Jeudi 6 juin 2019 ((rezonodwes.com))– La pollution de l’air est l’un des plus grands problèmes auxquels les haïtiens font face au cours des trente dernières années. Selon l’OMS, 90% de la population urbaine ne respire pas un air sain et neuf personnes sur dix n’inhalent pas un air potable. La contamination atmosphérique par le dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre menacent la pérennité de cette génération qui souffre déjà les effets du réchauffement climatique.

Nonobstant qu’ils vivent dans un pays tropical, les officiels haïtiens tous azimuts sont allergiques avec la chaleur qui frappe le pays pendant les douze mois de l’année. Il aura fallu se promener sur la cour du palais national, du parlement, des ministères et directions générales pour se rendre à l’évidence de l’ignorance de nos prétendus dirigeants en matière de protection de l’environnement. Il est une habitude anodine, je dirais même, abusive, de ces grands commis de l’état, de laisser tourner le moteur de leurs véhicules cylindrés en marche pendant des heures, alors qu’ils sont en bureau ou dans des réunions prolongées. Les voitures à carburant fossile augmentent la concentration de dioxyde de carbone dans l’air. Il serait judicieux de mentionner aussi que les moteurs à diesel et les longs embouteillages de la capitale contribuent grandement à cette contamination nuisible à la santé de la population haïtienne.    

Pour conjurer ce mal, les législateurs et les maires de plusieurs grandes villes du monde sont entrain d’adopter des mesures coercitives des plus drastiques pour contraindre les automobilistes de ne pas laisser en marche le moteur des véhicules. En France, par exemple, le maire de la ville de Sceaux, Mr Philippe Laurent, interdit aux chauffeurs cette pratique délétère sous peine d’amende sévère allant jusqu’à 135 euros. Malheureusement, les comportements narcissiques de nos élites politiques ne leur permettent pas de voir comment ils polluent leur espace de travail et l’environnement du pays.

Certaines personnes font remarquer que les moteurs restent tournés, des fois, pendant toute une journée dans des lieux fermés avec des personnes à l’intérieur. Ils ignorent les risques de contamination au monoxyde de carbone (CO), l’une des principales causes d’intoxication accidentelle en milieu domestique. En cas d’intoxication grave, les personnes risquent par la suite d’être atteintes de migraines chroniques, de dépendances neurologiques (troubles de la coordination motrice, paralysies de toutes formes) invalidantes. Elles sont actuellement suspectées de perturber le développement cérébral des enfants et notamment leur fonctionnement intellectuel.  

Hormis cet aspect de la pollution de notre pays, il faut dire que la dégradation de l’environnement haïtien exige une réponse immédiate, la mauvaise gestion des immondices, le déversement des déchets à travers les rues et dans les rivières sont un danger pour la santé de la population. Un coup d’oeil dans les principaux artères de Port-au-Prince, après quelques gouttes de pluies, suffit de voir l’état déplorable de nos milieux de vie. L’état doit agir de façon rapide pour éviter la disparition physique comme l’avait prévenu dans son livre apocalyptique,«Collapse».

Selon Jared Diamond, Haïti est menacée de disparition par l’ampleur quasi irréversible de sa dégradation physique, l’érosion, la disparition de la couche forestière réduite à moins de 2% et en même temps des moyens de défense naturels du pays. Les haïtiens doivent aussi faire montre d’une conscience citoyenne afin de préserver l’environnement physique et les sensibiliser sur la nécessité de s’engager dans la lutte visant à empêcher la pollution. Force est de constater que la République d’Haiti fait partie des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Elle accuse aussi une vulnérabilité qui se laisse observer à travers la magnitude des modifications de la température et des précipitations. Je tiens à souligner la dangerosité pour l’environnent et la nocivité pour le corps humain de cette pratique quotidienne.

Les officiels du pays, en leur grade et qualité, doivent donner de bons exemples par l’utilisation rationnelle des ressources de l’état. Il faut leur rappeler que l’argent qui paye les dépenses des carburants de leurs luxueux véhicules, est tiré des maigres poches des contribuables haïtiens. Il est inconcevable que leurs taxes servent de prétextes pour les polluer et les tuer par des résidus alors que vous êtes pour la plupart, mandatés pour adopter des politiques concertées et contraignantes. Les dirigeants peuvent également encourager une transition du transport vers des modes moins polluants comme la marche, le vélo et les transports ferroviaires. 

Qu’il me soit permis de leur demander de changer de paradigme et de combiner leurs efforts avec le reste du pays pour combattre la pollution environnementale. En effet, la pollution n’est pas sans conséquence sur l’état de santé de l’homme. En quelques chiffres, d’après une étude de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 40% des décès dans le monde seraient dus à la pollution (en 2007).

Il faut renforcer les bonnes pratiques capables de freiner la dégradation des écosystèmes. Il ne pourra pas y avoir de développement social et économique sans la protection de l’environnement. Les experts de l’OMS soulignent que près de 3 millions de décès par an sont liés à l’exposition à la pollution de l’air extérieur. La pollution de l’air intérieur peut s’avérer tout aussi mortelle. En 2012, selon les estimations, 6,5 millions de décès (soit 11,6% des décès dans le monde) étaient associés à la pollution de l’air extérieur et à la pollution de l’air intérieur.

En général, dans tous les cas, les personnes les plus touchées sont les enfants, les personnes âgées, asthmatiques et allergiques. Si nous améliorions la qualité de l’air, 13 millions de morts pourraient être évités, d’après l’Organisation des Nations-Unies. Pour la gouverne de nos officiels et dirigeants, je dois les informer que l’oxygénothérapie Hyperbare n’est pas disponible en Haiti. Alors madame et messieurs, pour la santé et l’environnement, éteignez votre moteur.  

Dr Jean Ford G. Figaro
Boston University